Rock : genre musical populaire apparu aux États-Unis au début des années 1950, l'un des phénomènes culturels les plus marquants de la seconde moitié du XXe siècle.
Sous l'appellation « rock » se cache une vaste entité fragmentée en d'innombrables genres et courants musicaux (probablement plusieurs centaines) dont les frontières sont parfois difficilement identifiables, chacun puisant ses sources dans un autre, au rythme d'un perpétuel mouvement d'assimilation et d'émancipation.
Terme générique aux contours flous, le rock recouvre, cinquante ans après sa « création », une immense réalité culturelle (esthétique artistique possédant ses propres codes autant que forme musicale à part entière) présente dans le monde entier. S'il a parfois conservé les valeurs de révolte et de provocation face à l'ordre établi qui le caractérisaient à ses débuts, le rock s'est assagi et institutionnalisé, « victime » d'une évolution inéluctable, à l'instar du jazz notamment, vers une banalisation dictée par des impératifs commerciaux et financiers. Après cinq décennies d'une histoire riche et mouvementée, le rock est d'une certaine façon « entré dans le rang », mais résiste, malgré les prédictions les plus pessimistes, à l'émergence de nouvelles formes musicales et artistiques qu'il a, paradoxalement, contribué à faire apparaître.
L'expression rock and roll (littéralement « tangage et roulis »), expression argotique à connotation sexuelle, apparaît dans les chansons populaires afro-américaines dès 1938 avec « Rockin' Rollers Jubilee », de Erskine Hawkins (trompettiste et chef d'orchestre de jazz dans les années 1930).
BLUES ET MUSIQUE COUNTRY
Dès le début du xxe siècle, les musiciens américains blancs puisent dans la musique noire pour nourrir leurs propres styles :
notamment Jimmie Rodgers (1897-1933).
Considéré comme le père de la musique country (en majorité blanche), est profondément influencé par le blues. Toutefois, par un effet de balancier, les bluesmen sont à leur tour marqués par Jimmie Rodgers et ses textes. L'influence de la musique d'une communauté sur celle de l'autre est, par conséquent, si constante que lire la traçabilité d'une œuvre, en affirmer la provenance et en attribuer la paternité devient rapidement une entreprise délicate. Malgré certaines différences formelles et structurelles -un cycle de douze mesures pour le blues, huit mesures pour la country- la rencontre de ces deux genres musicaux (autour de la guitare, instrument bon marché, peu encombrant et techniquement accessible au plus grand nombre) issus de la tradition américaine contribuent à l'émergence, au début des années 1950, d'un nouveau style, structurellement simple, rythmiquement imparable: le rythm and blues.
RHYTHM AND BLUES
Particulièrement apprécié par les danseurs et pratiqué surtout dans les clubs et les bouges entre adultes -ses tempos et ses textes évoquent souvent une sensualité à peine voilée- le rhythm and blues est dans un premier temps l'apanage du public noir par ailleurs avide de musique country, comme en témoigne l'admiration portée par Ray Charles à:
Hank Williams
ou la popularité de
Woody Guthrie
La radio (notamment les émissions d'Alan Freed, qui serait le premier à avoir utilisé et promu l'expression « rock and roll ») constituant alors le seul moyen d'accès à cette musique pour les adolescents blancs. Transcendant d'artificielles barrières raciales et sociales. Bill Haley est le premier artiste blanc à rendre hommage, avec succès, au rhythm and blues en l'incorporant à sa musique.