Mais aussi Louis Jordan, Fats Domino, le bluesman Muddy Waters, Hank Snow, Ruth Brown, Les Paul, Hank Williams, Lloyd Price (« Lawdy Miss Clawdy », 1952), Joe Turner (« Shake, Rattle and Roll », 1954), les saxophonistes illinois Jacket et Joe Houston, les Dominoes (groupe de style doo-wop) ou encore Johnnie Ray le « chanteur pleureur ».
C'est toutefois Bill Haley (qui reprend dès 1951 le « Rocket 88 » de Sam Philips, publié la même année par le label Chess et que d'aucuns considèrent comme l'acte fondateur du rock and roll) qui déclenche véritablement le phénomène, avant Fats Domino, Little Richard ou Elvis Presley. Le morceau « Rock Around the Clock », paru en juillet 1954, popularise en effet immédiatement son style énergique, irrépressible appel à la danse et à l'excitation, fondateur de la pulsation rythmique caractéristique du rock and roll, puis du rock.
Elvis Presley et le rock and roll blanc
Profitant de ce succès inattendu et sans précédent, les maisons de disque indépendantes s'attèlent à la découverte de nouveaux talents : la compagnie Sun, implantée à Memphis (Tennessee), permet ainsi à Elvis Presley puis Carl Perkins, Jerry Lee Lewis, Roy Orbison ou encore Charlie Rich, de graver leurs premiers enregistrements.
Telle une traînée de poudre, la gloire instantanée et spectaculaire de Presley (dont le contrat est, de façon symptomatique, racheté par RCA) permet au rock and roll de contredire ses détracteurs et de prendre son véritable envol, suscitant des vocations à travers le monde entier : Tommy Steele, Cliff Richard, Johnny Kidd, ou Vince Taylor en Angleterre ; Adriano Celentano, Peppino DiCapri et Little Tony en Italie ; Johnny Halliday ou Richard Anthony en France…
Les artistes noirs américains
Parallèlement à cette « tornade blanche », dont le rockabilly - genre caractérisé par une batterie marquant résolument l'accent sur les deuxième et quatrième temps de la mesure et une forte amplification des guitares - constitue par ailleurs l'archétype (sur le plan musical) ; certains artistes noirs parviennent également au sommet des hit-parades américains : selon le magazine professionnel Billboard, soixante-six chansons de Fats Domino figurent en effet parmi les meilleures ventes du moment, tandis que « Sweet Little Sixteen » et « Johnny B. Goode » de Chuck Berry se classent respectivement aux deuxième et huitième places du même classement, « Good Golly Miss Molly » de Little Richard à la dixième.
Passerelle musicale entre deux communautés — Blancs et Noirs — écartelées par la ségrégation, le rock and roll est en outre mal perçu par la société américaine, qui y voit l'expression violente, agressive et dépravée, prenant parfois les allures de provocations délibérées envers un pouvoir conservateur, d'une revendication libéralisante teintée, selon eux, de satanisme et véhiculant un message et une attitude inacceptables.